Voici la carte des déserts médicaux calculée en 2012 à partir des dernières données de 2010. Selon les dernières projections de la DREES le nombre de médecins devrait diminuer de près de 10% dans les dix ans à venir, pour s'établir à 188 000 en 2019. Ou en est-on aujourd'hui ? Pour les médecins généralistes, voici ci-dessous la réponse en carte !
Pour le ministère de la Santé, on considère qu'un territoire est un désert médical quand sa densité de médecins par rapport à la population est de 30% inférieure à la moyenne nationale.
Au 1er janvier 2013, l'INSEE dénombrait 218 296 médecins dont 101 803 Omnipraticiens et 116 493 Spécialistes, soit plus de 333 médecins pour 100 000 habitants. La limite étant fixée à 250 médecins pour 100 000 hab, la France n'est donc pas dans une situation critique.
Cependant, la France compte de nombreux déserts médicaux, due à une mauvaise répartition des médecins sur le territoire. Dans un certain nombre de zones, l'offre médicale est insuffisante pour répondre aux besoins de la population et plus particulièrement dans le cas des spécialités: pédiatres, gynécologues, ophtalmologistes... Pour certaines spécialités on compte jusqu'à 20 % de la population comme étant dans un désert médical.
En ce qui concerne les médecins généralistes, ceux-ci sont un peu mieux répartis: 3 millions de Français vivraient dans un désert médical soit 5% de la population. Sur la carte, on constate une forte attractivité des omnipraticiens libéraux pour le Sud de la France métropolitaine, c'est ce que l'on qualifie d'héliotropisme. Cependant il est à noter que la quasi-totalité de la population française habite à moins de 15 minutes d'un médecin généraliste.
Baisse du nombre de médecins à venir
Un autre problème risquant de provoquer des pénuries de médecins est la baisse annoncée des effectifs. Le nombre de diplômés en médecine a ortement chuté depuis les années 80. L'augmentation importante du numerus clausus à partir de 2001 (environ 15 % en 2001, puis autour de 12 %, 13 % jusqu'en 2006 pour arriver à 1,4 % en 2008-2009), et donc l'augmentation à venir du nombre de médecins diplômés ne permettra pas à court terme de compenser la forte chute des effectifs de médecins qui sont le résultat d'un processus de plusieurs dizaines d'années.
Evolution du numerus clausus en médecine/odontologie et du nombre de diplômés en médecine
Les déserts médicaux en vidéo
L'accessibilité potentielle localisée (APL)
Afin de créer une carte des déserts médicaux, il est nécessaire de calculer la densité de médecins par rapport à la population. Mais comment calculer cette densité ? Un simple ratio entre le nombre de médecins et le nombre d'habitants à différents niveaux géographiques ne rend pas suffisament compte de la réalité. En 2012 la DREES et l'IRDES, ont proposé un nouvel indicateur de mesure des disparités d'offre de soins: l'accessibilité potentielle localisée (APL). Cette nouvelle mesure dépasse et complète la simple mesure de distance au professionnel le plus proche.
Elle prend en compte:
- Les déséquilibres potentiels entre l'offre et la demande de soins
- L'offre des communes environnantes
- Le seuil de distance qui délimite les communes environnantes. Ce seuil dépend du professionnel étudié : un professionnel est considéré comme accessible s'il exerce dans une commune située à moins de 15 minutes pour les médecins généralistes, les infirmiers et les masseurs-kinésithérapeutes et à moins de 45 minutes pour les gynécologues et les ophtalmologues.
- Le niveau d'activité des professionnels de santé, grâce à l'utilisation d'équivalents temps plein: ETP, utilisé comme unité de mesure dans la carte.
- La demande de soins, notamment en fonction de l'âge. Les besoins sont différent selon l'âge de la population.
Comment lire la carte des déserts médicaux ?
Au final, pour chaque commune, est calculé un nombre d'ETP (soit l'équivalent temps plein pour le travail d'un médecin généraliste) accessible pour 100 000 habitants, pondéré en fonction de leur consommation de soins. La moyenne nationale calculée par commune est de 51 ETP pour 100 000 habs. D'après la définition du ministère, les déserts médicaux seraient donc tous les territoires en dessous de 35 ETP pour 100 000 habs. La carte montre donc en blanc et jaune pale les zones ou l'offre médicale est insuffisante.
Même si la quasi-totalité de la population française habite à moins de 15 minutes d'un médecin généraliste, 5% de la population soit trois millions d'habitants ont aujourd'hui un réel problème d'accès aux soins.