La reconquête de Charles V - 1364 à 1380
Dans cette France défaite, le pouvoir royal n'a plus ni prestige, ni moyens. Les finances sont au plus bas. Charles V sait que le maintien de la souveraineté passe par le soutien de la population. Il veille donc à conserver sa popularité.
Pour restaurer l'autorité royale, lui et son père se portent garants de la stabilité monétaire en créant le franc et met ainsi fin aux mutations monétaires tant décriées. En contrepartie, il fait accepter la création d'une fiscalité contrôlée par des officiers royaux pour financer l'effort de guerre et le paiement de la rançon de Jean le Bon. Bertrand Du Guesclin, à la tête de l'armée levée grâce aux impôts votés par les états généraux de 1363, gagne la bataille de Cocherel, et met fin à une guerre civile et rétablit l'autorité royale aux yeux de la population. Il montre que les sacrifices financiers consentis par la population pour l'effort de guerre sont suivis d'effets sur le terrain et permet le sacre de Charles V.
En 1368, le roi de France se sent assez fort pour défier Édouard III. Renonçant aux batailles rangées menées par des bannières de tailles inégales commandées par une noblesse indisciplinée, lesquelles n'ont rien apporté à son père, le roi réorganise l'armée, sous le commandement de chefs expérimentés et fidèles (comme Bertrand Du Guesclin et son cousin Olivier de Mauny). Celle-ci se divise en groupes bien structurés de 100 hommes aguerris appelés routes et commandées par des capitaines qui ne répondent qu'aux ordres du roi. Il les lance dans une guerre d'escarmouches et de sièges, grignotant patiemment le territoire de l'ennemi. Sa diplomatie ne reste pas inactive et il récolte les fruits de son soutien à Henri de Trastamare : l'alliance avec le Royaume de Castille conduit à l'anéantissement de la flotte anglaise par la flotte castillane à la bataille de la Rochelle le 22 juin 1372. Privées de soutien logistique, les places fortes cédées par le traité de Brétigny tombent les unes après les autres : Poitiers en 1372 et Bergerac en 1377. Les Anglais s'en tiennent aux chevauchées, très populaires auprès de leur Parlement parce qu'elles ne coûtent rien, mais désastreuses pour l'image de l'Angleterre dans les territoires pillés : elles ne font qu'attiser la haine des Anglais et renforcent chaque jour la fidélité envers le roi Charles V. Le clivage des deux nations naissantes se creuse toujours plus. Le roi de France prend soin d'entretenir le patriotisme des régions libérées par l'octroi de nombreux privilèges. Il use, en particulier, de l'anoblissement, la noblesse française ayant été décimée par la peste, Crécy et Poitiers. De même, la reconquète se fait grandement par le retournement des villes d'Aquitaine souvent monnayé contre des promesses de fiscalité plus légère.
La seconde phase de la guerre de Cent Ans se termine par la victoire de l'habile Charles V de France, aidé par des militaires expérimentés comme Bertrand du Guesclin, et sur un Édouard III vieillissant et trop sûr de lui.
Légende de la carte
La reconquête par Charles V des territoires concédés au traité de Brétigny.
- Domaine royal
- Apanages des frères du roi
- Comté de Foix-Béarn autonome
- Bretagne alliée aux Anglais
- Possessions de Charles de Navarre allié des Anglais
- Chevauchée de Lancastre (1369)
- Chevauchée de Robert Knowles (1370)
- Chevauchée de Lancastre (1373)
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