Hugues Capet et les derniers Carolingiens
En mai 987 le dernier roi Carolingien Louis V meurt sans enfant. Il est aussitôt enterré à Saint-Corneille de Compiègne et non à Reims comme il le souhaitait. Or, même si Louis V est mort sans enfant, il reste un Carolingien susceptible de monter sur le trône. Il s'agit de Charles de Lorraine, fils de Louis IV et frère de Lothaire. Cela n'a rien d'extraordinaire : ce n'est pas la première fois qu'un Carolingien est en concurrence avec un Robertien. En fait, au temps du père d'Hugues Capet, on ne concevait pas de rompre avec les Carolingiens tant qu'il en existerait, et le prince Louis était perçu comme jeune et pur. En 987, les temps ont changé. Depuis une dizaine d'années, Hugues Capet concurrence ouvertement le roi, il semble avoir soumis les grands vassaux, mais, surtout, son adversaire Charles de Lorraine est accusé de tous les maux : il a voulu usurper la couronne (978), il est l'allié d'Otton II puis il a accusé d'adultère la reine Emma d'Italie, femme de son frère.
Hugues Capet né vers 939-941. Il est le fils de Hedwige de Saxe et d'Hugues le Grand. Le 16 juin 956, Hugues le Grand meurt à Dourdan et son fils Hugues Capet est censé hériter d'une puissance de premier ordre. Au milieu du Xe siècle, la compétition pour la couronne entre Carolingiens et Robertiens est entamée, et la victoire de ces derniers est déjà presque inéluctable. La légitimité robertienne se concrétise encore davantage par le jeu des alliances. Il coule dans les veines d'Hugues Capet un peu de sang carolingien apporté par sa grand-mère paternelle (Béatrice de Vermandois), mais aussi du sang germain par ascendance directe. Au total, à la mort de son père, Hugues Capet hérite théoriquement d'un titre prestigieux et d'une puissante principauté. A Rome, le pape le reconnaît « glorieux prince des Francs ».
En 987, Hugues Capet est élu roi. La monarchie redevient héréditaire, et les Capétiens règneront sur la France pendant plus de 800 ans. Néanmoins, les premiers rois capétiens ne contrôlent directement qu'une portion très faible du territoire français, appelée le domaine royal, et certains de leurs vassaux sont beaucoup plus puissants qu'eux.
Les origines des Capétiens
Avant Hugues Capet, deux membres de la famille des Robertiens ont été rois des Francs, avec des règnes intercalés entre ceux des Carolingiens : Eudes Ier et Robert Ier. Ces deux premiers rois sont les fils de Robert le Fort. Les ancêtres des Capétiens formeraient un groupe familial constitué de serviteurs des derniers Mérovingiens en Neustrie comme Robert, référendaire de Dagobert Ier puis de proches des premiers Carolingiens en Austrasie comme Robert Ier comte de Hesbaye et de Worms mort en 764.
En 836, un des membres de cette famille, Robert le Fort, prit parti pour Charles II le Chauve contre son frère Lothaire Ier, ce qui le conduisit à quitter ses possessions rhénanes pour la vallée de la Loire où le roi lui remit d'importants comtés. La défaillance des Carolingiens (minorité de Charles III le Simple, morts prématurées de Louis IV, Lothaire et Louis V) conjuguée à l'énergie des Robertiens aussi bien face aux envahisseurs normands que face au pouvoir royal est à l'origine de la montée en puissance de la lignée d'Hugues Capet.
Le prestige de la famille des Robert est antérieur aux exploits de Robert le Fort et de ses fils comme en témoignent leurs nombreux liens familiaux avérés ou possibles avec les Carolingiens. La montée en puissance de cette famille se traduisit par l'accession au trône de deux de ses membres puis l'obtention du titre de dux francorum (duc des Francs) par Hugues le Grand, père d'Hugues Capet. Ce dernier, tout comme Charles Martel et son fils Pépin le Bref qui remplaça les Mérovingiens, était aussi investi de ce titre avant de remplacer les Carolingiens à la tête du Royaume des Francs.
Géographie du royaume de Francie
Le royaume recouvre l'ancienne Francie occidentale dont les frontières avaient été définies au partage de Verdun en 843. Hugues Capet est désormais le nouveau souverain du royaume de Francie, qu'on n'appelle plus Francia occidentalis depuis la seconde moitié du Xe siècle. Les quatre fleuves (Escaut, Meuse, Saône et Rhône) constituent ses limites au nord et à l'est, le séparant de l'empire ottonien. Au sud, les Pyrénées ne constituent pas une limite puisque le comté de Barcelone fait partie du royaume ainsi que le duché de Bretagne (ou comté selon les sources). Enfin, le tracé des côtes est très différent de celui que nous connaissons, car les golfes ne sont pas colmatés, en particulier dans le bassin d'Arcachon et le golfe de Saint-Omer, et les embouchures des fleuves évoluent encore. Par exemple pour la Charente ou la Flandre maritime, la côte ferme est loin à l'intérieur des terres actuelles, précédées de vasières, fréquemment envahies par la mer.
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